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Chapitre 6
Gaïa
« -C-Comment ? »
Yumie était stupéfaite. Ses pensées semblaient … bloquées. Trop de choses avaient été dites. Tout se bousculait dans sa tête : son ensorcèlement, sa mort, Midori, le Néant, l'Abîme, cette femme dont elle ne savait rien mais qui savait tout …
« -Vous êtes fatiguée. Reposez-vous. »
A peine la femme eut-elle prononcé ces mots que le grand arbre se trouvant derrière elle se mit à frémir ; les racines sur lesquelles elle se trouvait assise la saisirent, moins brutalement cependant que la dernière fois, puis la rapprochèrent un petit peu plus du tronc de cet arbre, pour venir la poser sur un lit, formé par les racines entremêlées. Les branches de l'arbre, auparavant très haut dans le semblant de ciel du Néant, se tordirent et retombèrent en formant une sorte de dôme au-dessus de Yumie, créant ainsi une seule et unique pièce entourant le lit sur lequel elle se trouvait.
« -Je suis désolée Yumie. J'aurais voulu vous en dire plus, mais ça m'est impossible pour le moment.
-Mais pourquoi ? » l'implora la jeune fille.
Elle ne répondit pas, et détourna le regard.
« C'est bizarre, se dit Yumie, durant un instant, j'ai cru voir ses doigts s'évaporer, comme devenir poussière. »
Le dôme se referma petit à petit, pour ne plus former qu'une demi sphère, sans porte ni fenêtre, sans lumière. Mais étrangement, cela n'en devenait pas austère ni étouffant : elle se sentait en sécurité.
La dernière image qu'elle eut du monde extérieur, si seulement on peut appeler cela un monde, fut la silhouette de la mystérieuse femme, s'éloignant vers un horizon inconnu, ses membres semblant se décomposer au fur et à mesure de ses pas.
***
Midori ouvrit les yeux. Elle regarda autour d'elle. C'est étrange, elle ne se souvenait pas s'être endormie, et encore moins dans un parc. Puis soudain, un flash. Une lumière inonda ses yeux, et sa tête commença à devenir lourde, lourde … Puis des images. Son violon. May. Yumie. Yumie. Elle l'avait tuée.
Ses yeux s'embuèrent de larmes. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle fait ça ?!
Elle s'en souvenait maintenant. Quand elle discutait avec les filles dans le salon, une voix lui avait parlé. Elle lui disait :
« -Montre leur, vas-y, montre leur. »
De là, elle avait senti son corps se lever, sa bouche s'ouvrir et laisser passer des mots, sans qu'elle ne le décide. Elle se souvint avoir marché jusqu'à ce parc, sans même savoir pourquoi. Elle ne contrôlait rien. Puis, sans même se rendre compte de ce qu'elle faisait, voilà qu'elle voyait son amie, tordue de douleur à ses pieds, sans pouvoir rien n'y faire. Midori se leva. Dans sa tête, toujours les mêmes questions, les mêmes phrases :
« Pourquoi moi ? Comment cela se fait-il ? Pourquoi n'ai-je pas pu y remédier ? »
Elle courait. Elle courait le plus vite qu'elle pouvait. Elle voulait partir. Loin. Seule. Elle courait, pensant que cela aller lui permettre d'oublier. Autour d'elle, le bruit de la ville éveillée bourdonnait : cela devait être l'après-midi, quatorze heure ou quelque chose comme ça, elle ne savait pas après tout. Elle courait, encore et encore, les yeux fermés mais pourtant fixés sur une seule pensée : oublier.
Quand elle les rouvrit, une porte claquait derrière elle, et elle se tenait au milieu du salon qu'elle avait quitté le jour, la semaine ou peut-être même le mois dernier, après tout, elle ne savait pas. Ses pas l'avaient inconsciemment menée ici. Elle se dirigea vers sa chambre, et tomba sur son lit. Elle ferma les yeux, et s'endormit, avec l'incompréhension et le doute comme dernière pensée.
***
« -Bonjour Yumie. Vous avez bien dormi ? »
Yumie ouvrit les yeux. Autour d'elle, de la verdure, des branches, des feuilles, le tout formant une sorte d'ombre au-dessus de sa tête. Mais un point lumineux, semblant éclairer ce semblant de pièce, attira son regard : c'était la femme, oui, la mystérieuse femme.
« -Euh …, oui madame.
-Très bien, vous entamez votre premier jour en tant que prisonnière du Néant.
-Prisonnière ?!
-Oui. C'est comme ça, je ne peux rien n'y faire. Vous devez rester là, au creux du Grand Arbre*, jusqu'à ce que le jugement final soit fait. Ah, et aussi, je ne peux pas rester plus d'une heure à vos côtés. Sinon …
-Sinon ? demanda Yumie.
-Non rien, ce n'est pas important, lui répondit la jeune femme tout en détournant le regard, gênée.
-M-Madame, j'avais une question, demanda timidement Yumie.
-Oui ?
-Comment vous appelez-vous ? »
La femme eût un mouvement de recul.
« -Désolé, je ne veux pas vous mettre dans l'embarras, mais vous avez l'air de tout savoir de moi, et moi je ne sais rien de vous, pas même votre nom.
-Hum … oui, je comprend. C'est juste que … non, rien, rien d'important. Je … je m'appelle Gaïa. »
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Commentaires
J'ai hâte de savoir la suite !!!
Bisous
^3^